Thaïlande : malaise au sein de l'armée

Lundi, des milliers de policiers antiémeute et de soldats avaient pris position pour protéger le quartier de Silom, centre financier de la capitale, et empêcher les manifestants de perturber plus encore l'activité économique du pays. Crédits photo : REUTERS

L'offensive militaire du 10 avril contre les «chemises rouges», qui a fait 25 morts, a semé le doute au sein des troupes.

Les yuppies cravatés se faufilent entre les barricades de fil barbelé. Les employées de bureau en tailleur près du corps croisent des colonnes de soldats, M16 à l'épaule. Silom, le quartier des affaires de Bangkok, a des allures de camp retranché. Les militaires se donnent du cœur à l'ouvrage en diffusant en boucle Nak Pandin, une chanson pleine de haine contre «les traîtres». En face, une foule rouge vociférante apostrophe «les chiens». Un costaud rigolard rabroue son camarade de manifestation: «Tu regardes channel 5 (une chaîne de télévision gérée par l'armée, NDLR), ou quoi?» Des matrones hurlent leur haine des «amart», l'élite bureaucratique et militaire du pays.

La Thaïlande s'enferre dans une logique de confrontation. «Alors qu'il faudrait engager une réflexion profonde, l'humeur est à la bagarre», déplore Gothom Arya, directeur de recherche à l'université Mahidol. «“Chemises rouges” et gouvernement se sont engagés dans le jeu dangereux du “premier qui cède est une poule mouillée”.»